Une courte histoire de l’hypnose

On peut retrouver de nombreux ouvrages qui parlent de l’histoire de l’hypnose (Chertok et Saussure (1973) et Chertok et Stengers (1989) , mais voici un court aperçu de la façon dont l’hypnose s’est modifiée pour apparaitre telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Au commencement

L’hypnose est très ancienne. A l’origine, l’hypnose était liée à la religion, à la magie et au surnaturel ! Ces approches étaient surtout destinées à guérir les malades lors de la phase que l’on considérait à tort comme étant le sommeil, car à l’époque on ne savait pas ce que c’était que la modification de l’état de conscience. On peut retrouver certains hiéroglyphes qui décrivent l’utilisation de l’hypnose.

On retrouve aussi en Grèce des procédés pendant lesquels, les fidèles allaient dormir au temple d’Aesculapius, le dieu grec de la médecine, et pendant leur sommeil, les fidèles leur parlaient pour favoriser leur guérison.

Vers la modernité

Dans sa forme moderne, on peut retracer les travaux de Franz Anton MESMER (1736-1815), docteur en médecine de l’université de Vienne. Il croyait en l’existence d’un fluide universel, qu’il rapprochait du magnétisme et dont selon lui, le déséquilibre provoquait des maladies. Il souhaitait donc remettre de l’équilibre dans l’individu. Il travaillait à l’aide d’aimants de passes magnétiques. Plus tard, il a mis en place un système de thérapie collective à l’aide de baquets avec de l’eau et de la limaille de fer… censée faciliter la circulation du fluide naturel censé soigner.

Le marquis Armand Marie Jacques de Chastenet de de Puysegur (1755-1819), élève de MESMER développa la notion de somnambulisme magnétique, avec ce somnambulisme nait aussi l’idée de communication avec le sujet.

L’abbé FARIA (1755-1819) va rompre avec la théorie fluidique et il propose de remplacer le mot magnétisme par celui d’hypnotisme, à partir du grec « Hypnos » sommeil, il est considéré comme le fondateur de la théorie de la suggestion qui sera développée par l’école de Nancy, avec Ambroise Auguste Liébault (1823-1905) qui démontre que l’induction seulement verbale est suffisante pour induire la transe. Il s’oppose à l’école de la Salpêtrière à Paris avec les travaux du professeur CHARCOT.

Ensuite se succèdent les travaux de H Bernheim , qui est l’inventeur du placebo (l’action des suggestions sur le mental), et aussi le pharmacien Emile COUE inventeur de la célèbre maxime « ce n’est pas la volonté qui nous fait agir mais l’imagination ».

Sigmund Freud (1856-1939) s’est aussi intéressé aux travaux du professeur CHARCOT et à l’hypnose.

Le big bang de l’hypnose

Le « big bang » de l’hypnose, est constitué par les travaux de Milton Erickson (1901-1980) un homme et un praticien hors du commun, qui apporta des innovations considérables dans le fond et dans la forme, dans la pratique de l’hypnose. Il fut le maitre de la thérapie brève avec des méthodes innovantes centrées sur le sujet.

Milton H Erickson, le père de l’hypnose moderne

Milton Erickson est né en 1901, et il souffre de plusieurs handicaps, dyslexique, atteint de poliomyélite (à 17 ans), il ne peut plus bouger et alors il passe ses journées à observer son entourage, sa famille, ses sœurs. IL DÉCOUVRE QUE LE LANGAGE VERBAL ET LE CORPS NE SONT PAS TOUJOURS EN ADÉQUATION. Immobile, il arrive pourtant à diffuser des micros mouvements par l’auto suggestion. Après 11 mois de cet entrainement intense, Milton Erickson se retrouve capable de marcher avec des béquilles. Son état s’améliore et il peut marcher normalement.

Pendant sa troisième année d’étude, il participe aux travaux du séminaire d’hypnose du professeur Clark L.Hull et il peut faire le rapprochement entre ses propres états de conscience particuliers (sa pratique de l’auto hypnose). Mais Erickson développe déjà son approche centrée sur l’individu. Au contraire de son professeur qui propose une approche très descendante avec un rôle de l’opérateur très prédominant, Erickson développe l’idée que l’opérateur ne fait que développer la dynamique des processus mentaux qui sont déjà en place chez le sujet. Diplômé en 1928, il travaille dans plusieurs hôpitaux et poursuit ses travaux. Toute sa vie, il poursuit ses recherches à travers tous les accompagnements qu’il effectue. Il décède en 1980 et ses cendres ont été éparpillées au sommet de Squaw Peak, la montagne qui domine Phoenix et où il aimait envoyer ses patients méditer sur leur problème et apprendre à voir les choses avec une autre perspective.

Une hypnose centrée sur le sujet

L’approche de Milton Erickson n’est pas à caractériser comme une technique particulière mais plutôt comme une façon d’organiser et d’utiliser tous les outils de l’hypnose, elle a des caractéristiques précises :

  • Partir du sujet et non du praticien, tout part du sujet et le sujet est au centre de l’expérience, le praticien accompagne le sujet vers son changement (le praticien est en position basse)
  • Le praticien ne prend pas le contrôle, il permet au sujet de prendre plus de contrôle sur lui-même, en allant vers l’autonomie et l’assistance
  • Les solutions et les ressources sont déjà chez le sujet, le rôle du praticien est de favoriser l’accès et au développement des ressources du sujet